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samedi 21 août 2010

SE SUICIDER OU L'ARMÉE

Voici mes deux modèles : Paul Choix, et Paul Tron

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Évidemment que Martin Petit ne dénonce pas la Couronne Britannique comme mon gif ci-dessus le fait, mais j'ai voulu en profiter pour associer ma vision avec celle de Martin Petit que je trouve courageux et responsable de partager son esprit pacifiste à ses collègues militaires et à tous par son livre ''QUAND LES CONS SONT BRAVES''.

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La guerre, no, Sir!



ARTICLE - 30 août 2007




Martin Petit: "Les Forces sont des pros pour embellir la laideur."

Alors que ça barde pour les soldats québécois en Afghanistan est publié Quand les cons sont braves, écrit par Martin Petit, un ancien combattant de 38 ans devenu pacifiste. Voilà le récit cru de ses 14 années de service dans les Forces canadiennes.

Vous dites avoir écrit ce livre à des fins thérapeutiques. Ça fonctionne?

Martin Petit: "Ça m'a beaucoup aidé. Je fais également une psychothérapie. Avec le temps, je suis venu à bout de trancher le noeud gordien qu'était devenue ma vie. Écrire ce livre a été une libération. Il y a des choses que j'ai écrites dont je n'avais jamais parlé à personne. À l'époque, je ne voulais pas inquiéter mes proches."

Outre son aspect curatif, votre livre est vraisemblablement une dénonciation ou du moins un avertissement.

"Effectivement, je ne veux pas que la vérité soit camouflée. Ça me fâche de voir des campagnes de recrutement qui laissent croire que dans l'armée, tout est tellement beau. Leur slogan, c'est: "Combattez avec les Forces"; le mien, c'est plutôt: "Combattez les Forces". Je veux briser la loi du silence."

Ce silence, que cache-t-il?

"Les Forces sont des pros pour embellir la laideur. Encore ce matin, j'ai vu à la télé un soldat dans la jeune vingtaine qui racontait que c'était l'fun, être en Afghanistan, alors qu'un de ses frères d'armes venait de crever. Évidemment, c'est faux! Ce n'est pas toujours amusant être dans l'armée, loin de là. Je veux éviter à d'autres jeunes qu'ils finissent dans un cercueil pour rien. Mieux on est informé, mieux on peut réagir.

L'an dernier, j'ai donné une conférence dans un organisme communautaire. Au sortir de cette soirée-là, je crois qu'il n'y en a pas un seul qui ait osé s'enrôler dans les Forces. Je leur ai simplement raconté la vérité de ce qui se passe sur le terrain."

Que s'y passe-t-il de si terrible?

"Il y a tellement de choses que les gens ne savent pas. Ce qui s'est passé en Somalie par exemple, ça a été laissé à l'oubli. Je me rappelle la fois où un de mes confrères a cruellement donné une bouteille de Tabasco à un jeune Somalien qui demandait de la bouffe. Le pauvre s'est mis à boire la bouteille, et le soldat riait comme un fou de le voir se brûler. Mais ça, c'est peu. Il y avait bien pire. Comme des soldats qui se vantent entre eux d'avoir tué un autre "nègre". En Somalie, il y a eu des actes de racisme et de barbarie effrayants de la part de nos troupes. Je suis certain qu'il reste encore plein de corps enfouis dans le désert."

Cette violence, à quoi est-elle due? Est-ce que c'est l'armée qui rend les gens fous, ou ce sont des fous qui s'enrôlent dans l'armée?

"Je ne sais pas. J'ai de la difficulté à m'expliquer comment un homme qui est très bon avec sa femme et ses enfants est capable de commettre de telles atrocités sur d'autres gens. Ce que j'ai vu en Somalie m'a jeté par terre, totalement. À l'époque, je n'ai pas dénoncé parce que dans l'armée, on ne dénonce pas. Un soldat qui vend voit ses beaux jours comptés."

Pourquoi vous êtes-vous enrôlé?

"Je ne suis peut-être qu'un con d'idéaliste, mais mon but était d'aller aider les gens."

Vous vous dites maintenant "farouchement pacifiste". Mais puisque vous étudiez actuellement pour être professeur d'histoire, vous n'êtes pas sans savoir que la guerre a toujours existé et qu'elle ne disparaîtra pas. N'est-il pas simpliste d'être pacifiste?

"Je ne dis pas que la guerre est toujours inutile. Par exemple, lors de la Deuxième Guerre mondiale, il fallait faire quelque chose pour stopper l'expansion du nazisme. En revanche, ce qui se passe en Afghanistan, c'est une saloperie qui est liée aux compagnies de pétrole, ce n'est pas utile. Même chose pour bien des conflits auxquels j'ai participé. Comme je dis souvent: "faites l'amour, pas la guerre." J'espère sincèrement que ça puisse arriver un jour."

Vous vivez actuellement grâce à une rente de l'armée. N'est-ce pas effronté d'écrire un livre contre ceux qui vous payent?

"Je ne crois pas. Les Forces armées le méritent, elles en mènent trop large en ce moment. Une tape sur la gueule, parfois, ça fait du bien. Je crois que c'est très pertinent d'ouvrir les yeux des gens qui pensent à s'enrôler."

On sent beaucoup de rage et d'amertume dans votre écriture. Êtes-vous encore en colère?

"Je dis dans mon livre que je n'ai plus de rancune envers l'armée, mais ce n'est pas vrai. Je les déteste. Quand je les vois embaucher des jeunes hommes de 17 ans trop jeunes pour voter, boire et fumer, mais assez vieux pour être envoyés en Afghanistan et revenir tout croches, ça me tue."

Quand les braves sont cons. Mon parcours dans l'armée canadienne, vlb éditeur, 2007, 272 p.

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Autres articles sur Martin Petit

Quand les cons sont braves


La complainte du soldat Petit

L’ancien simple soldat dénonce la propagande du ministère de la Défense qui veut faire croire que la profession des armes est louable et agréable

Par Louis Cornellier, Le Devoir - Martin Petit a été simple soldat de l’armée canadienne pendant quatorze ans. Il a participé à des missions au Qatar, en Croatie, en Somalie, en Krajina et en Bosnie. Contrairement aux soldats Longtin, Duchesne et Mercier, morts en Afghanistan en août dernier, il a eu la chance d’en revenir. Aujourd’hui, il raconte son expérience. Son livre, Quand les cons sont braves, est un témoignage. Il doit donc être reçu comme un point de vue parmi d’autres. Exempt de sensationnalisme, il dégage toutefois un parfum d’authenticité qui lui donne sa valeur.

Deux raisons ont motivé Petit à écrire ce livre. « J’ai besoin, avoue-t-il, d’une purge intérieure pour retrouver la paix et l’harmonie qui m’ont quitté il y a quelques années. C’est à des fins thérapeutiques que je rédige ce bouquin, mais aussi et surtout pour contrer la désinformation et la propagande véhiculées par le ministère de la Défense qui veut faire croire à de jeunes hommes et femmes que la profession des armes est louable, voire agréable. » À l’heure où l’attitude militariste du gouvernement Harper peut donner l’impression aux Canadiens qu’ils sont assiégés de toutes parts et où, selon L’Actualité (1er septembre 2007), de plus en plus de jeunes Québécois sont attirés par les sirènes des Forces armées canadiennes, le témoignage de Martin Petit arrive à point nommé.

Influencé par la préface de Robert Dôle, on sera tenté de lire cet ouvrage comme un plaidoyer pacifiste. Je ne suis pas sûr que ce soit là la lecture la plus juste qu’on puisse en faire. Petit, en effet, a des mots très durs à l’endroit de l’armée. Il la qualifie de « machine à détruire l’individualité et la pensée libre » et affirme que « nos soldats n’avaient rien à foutre » dans toutes les missions à l’étranger auxquelles ils ont participé, y compris à Dieppe, en Normandie, et en Afghanistan. « Martin, écrit Dôle, sait que les Québécois sont aux ordres des Canadiens anglais, qui sont aux ordres des Américains, qui sont aux ordres de la Bourse. » Il est vrai que cette vision des choses se rencontre au fil des pages de Quand les cons sont braves, mais il me semble que ce n’est pas elle qui en ressort avec le plus de force.

Petit, au fond, est plus réformiste que radical. Il se prononce moins contre l’armée en général que contre l’état actuel des choses dans l’armée canadienne. Son expérience, bien sûr, l’a déçu, mais quelques-unes des formules qu’il emploie laissent entendre qu’il aurait pu en être autrement, moyennant des changements d’attitude au sein de l’armée.

Jeune et désoeuvré, Petit a été attiré par « le goût de l’aventure, l’appel de l’inconnu, la perspective de voyager, d’être affecté en Allemagne et de pouvoir servir en tant que parachutiste au sein des troupes d’élite du régiment aéroporté » que l’armée lui offrait. Il a, au sein de cette dernière, trouvé tout cela, mais bien d’autres choses encore qui ont mené à son profond désenchantement.

Il a découvert, notamment, le machisme et l’anti-intellectualisme qui imprègnent la culture militaire. Chez les simples soldats, le fait d’avoir fréquenté le cégep ou l’université attire les sarcasmes, lire un livre est mal vu et écrire est « un vilain défaut ». Être fatigué ou malade est considéré comme de la lâcheté.

Être francophone n’est pas non plus de tout repos. Les soldats anglophones, semble-t-il, tolèrent mal les manifestations de fierté nationale des Québécois et les officiers qualifient de traîtres les militaires tentés par le souverainisme. « Rappelez-vous qui vous paie ! », leur a-t-on dit en 1995. À Petawawa, le 24 juin 1994, Petit et un ami ont défilé dans le village avec un drapeau fleurdelisé. « Sur notre chemin, écrit-il, on nous a gratifiés d’appels de phares, de coups de klaxon, de doigts d’honneur ainsi que d’insultes. C’étaient sans doute des gens qui participeraient au love-in d’octobre 1995 à Montréal. »

Oubliez, nous dit Petit, les discours pompeux des politiciens sur les vertus des simples soldats. Au sein des forces canadiennes, ces derniers sont plutôt traités comme de « pitoyables étrons dont on se débarrasse en tirant la chaîne de l’oubli, des sous-merdes ». En mission, on leur fait avaler des médicaments aux effets secondaires pour le moins douteux et on ne leur fournit pas les moyens nécessaires à l’accomplissement de leur tâche. En Croatie et en Serbie, par exemple, intégrés aux forces de l’ONU, les soldats canadiens doivent respecter des politiques d’ouverture de feu qui les condamnent à l’impuissance. « Le béret bleu que nous portions, constate Petit, était devenu un objet de plaisanterie en Bosnie. »

Accusations

Plus inquiétant encore, le témoignage de Petit illustre l’état de relative désorganisation qui caractérise la direction des forces canadiennes envoyées en mission.

Ce manque de leadership, souligne-t-il, ouvre la porte à des dérapages dont seuls les sous-fifres et leurs victimes font les frais. En Somalie, par exemple, des ordres ambigus ont mené certains soldats à se livrer à une abominable « chasse aux nègres » qui a sali la réputation de l’armée canadienne. « Les Somaliens, écrit Petit, avaient besoin de gardiens de la paix, et on leur avait envoyé des brutes racistes. » Afin d’éviter que des officiers soient mis en cause, « des hauts gradés de la Défense ont été pris à falsifier des documents, à détruire des preuves, à camoufler des faits ». Résultat : « Le menu fretin au trou, les gros tordus au large. »

Comme bien d’autres de ses semblables, le soldat Petit, pour supporter cet enfer, a abusé d’alcool et de marie-jeanne. Au bout du rouleau, affecté par le syndrome de stress post-traumatique, il a demandé l’aide de l’armée canadienne, qui l’a traité en un encombrant cas psychiatrique pendant quelques années avant de le reconnaître officiellement comme un « névrosé de guerre ». C’est précisément parce que la vie l’intéressait, selon un ancien slogan de nos forces armées, qu’il a tout fait pour quitter cette galère.

Une armée qui n’aurait pas les vilains défauts que l’on vient d’exposer, cela est-il possible ? Aujourd’hui, Martin Petit se dit pacifiste. On le comprend. Quand il évoque, toutefois, la camaraderie qu’il a parfois trouvée au sein des forces armées, le bon comportement de la majorité de ses frères d’armes et les compétences du défunt régiment aéroporté basé à Petawawa et démantelé à la suite d’une scandaleuse initiation, on comprend qu’il plaide surtout pour une réforme en profondeur de l’institution militaire canadienne, afin qu’être brave ne rime plus avec être con.

Quand les cons sont braves, Mon parcours dans l’armée canadienne par Martin Petit, VLB, Montréal, 2007, 272 pages.

Source : Le Devoir, le 1er septembre 2007.



VAUT MIEUX ÊTRE SUR LE BS QUE MILITAIRE

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